Les esquisses photographiques
C'est à la peinture qu'elle voua sa vie, pas à la photographie ; pourtant, la découverte récente d'un fonds photographique composé d'une centaine de clichés révèle l'œil d'une photographe très inspirée.
Jeanne-Marie Barbey est née à Paris le 17 juillet 1876. Issue d'un milieu modeste, elle a enseigné le dessin pour subvenir à ses besoins et a peint toute sa vie. Elle eut pour maîtres les peintres naturalistes Henri Royer et Désiré-Lucas et pour ami Paul Signac.
Originaire de Bretagne, c'est dans le Morbihan qu'elle puise l'essentiel de son inspiration. A l'occasion des fréquents séjours qu'elle fait chez son frère qui tient un hôtel à Gourin et pratique la photographie, elle fait provision d'images qui vont nourrir l'œuvre picturale à venir. Il est probable que les photographies réalisées sont le fruit d'une entreprise à quatre mains, le frère occupant le rôle de technicien, mais pour le reste, les scènes intimistes dans des intérieurs bretons, les personnages nimbés de lumière et noyés dans la pénombre, les portraits de groupes soigneusement agencés, on sent en permanence la présence de l'artiste derrière l'objectif. A l'évidence, ce n'est pas l'instantané qui intéresse Jeanne-Marie Barbey mais les effets de clair-obscur qu'elle cherche à rendre dans des mises en scène très composées, faisant écho à la peinture hollandaise. Si son usage de la photographie se limite aux préparatifs de l'œuvre peinte, elle n'en utilise pas moins à merveille toutes ses potentialités, jouant de la lumière pour saisir la beauté mélancolique de l'ordinaire, capter un échange de regards entre une mère et son enfant... Chez elle, le travail du photographe et celui du peintre se complètent admirablement, la vigueur de sa palette riche en couleurs contrastées jouant, elle, de la matière.
Jeanne-Marie Barbey meurt le 12 août 1960 à Bagnolet.
Le fond photographique composé d'environ 200 plaques de verre négatives a été acquis par le Musée de Bretagne à Rennes.